Agnès FELTEN

Haines et passions dans l’œuvre de Barbey d’Aurevilly

Résumé: Barbey d’Aurevilly est soucieux de décrire les passions qu’il aborde, de manière pessimiste, contre une certaine forme d’idéal romantique. Pour lui, la haine n’est jamais loin de l’amour. Il laisse exprimer son côté passionné avec grandeur, désespoir et souvent rancœur. Lui qui déteste les auteurs romantiques, ses contemporains, Goethe et Diderot également, éreinte leurs écrits dans ses Memoranda. Il ne se situe jamais dans la demi-mesure et il analyse les méandres et autres dérives de l’amour-passion montré comme dévorant, assassin ou extraordinaire. Ses personnages, qui comportent beaucoup d’aspects de lui-même, ne sont guère ordinaires et reflètent une passion proche de l’ubris et d’un comportement excessif, condamnable et dévastateur. Ce dandy de la littérature raconte des histoires d’amour immorales, celle d’un prêtre, d’une vieille maîtresse ou celles d’amants diaboliques. Les récits amoureux entrecoupés de passages violents, haineux ou fantastiques réinventent un amour brûlant et parfois démoniaque. La narration se construit sur des oppositions franches et son auteur revendique un ton libre et personnel. Son écriture est tout sauf neutre et, dans presque tous ses écrits, domine la volonté de faire surgir un message nouveau, provocant et à sa grandeur. Lui qui a souffert de chagrins d’amour, qui s’est lancé dans le journalisme et qui porte un regard critique sur ses contemporains et la littérature en général, est tout à fait capable de célébrer des auteurs de l’Antiquité, classiques ou d’avant-garde. Même s’il n’aime pas toujours V. Hugo, il trouve un intérêt à son œuvre. Schiller, également, trouve grâce à ses yeux. C’est pourquoi il paraît intéressant de relever les paradoxes de cette grand œuvre originale et puissante. Cette double approche conciliant l’alliance folle entre l’amour et la haine, permet de saisir la complexité de l’âme humaine et de démontrer de la virtuosité d’un auteur soumis à ses passions, mais qui s’en libère grâce à l’écriture dont l’esthétique moderniste, ne dédaignant pas non plus une forme de tradition, est à définir.

Mots-clés : Barbey d’Aurevilly, haine, passion, écriture, esthétique

PASSIONS AND HATE IN BARBEY D’AUREVILLY’S WORK

Abstract: Barbey d’Aurevilly was keen to describe the passions he dealt with, in a pessimistic way, against a certain form of romantic ideal. For him, hatred is never far from love. He allows his passionate side to express itself with grandeur, despair and often resentment. He hated the Romantic authors, his contemporaries, Goethe and Diderot too, and he scorned their writings in his Memoranda. He is never one for half-measures, analysing the twists and turns of passionate love as all-consuming, murderous or extraordinary. His characters, who include many aspects of himself, are hardly ordinary and reflect a passion bordering on ubris and excessive, reprehensible and devastating behaviour. This literary dandy tells immoral love stories about a priest, an old mistress and diabolical lovers. Love stories interspersed with violent, hateful or fantastical passages reinvent a burning and sometimes demonic love. The narrative is built on frank contrasts, and the author claims a free and personal tone. His writing is anything but neutral and, in almost all of his works, the desire to bring out a new, provocative message dominates. A man who has suffered heartbreak, who has taken up journalism and who takes a critical view of his contemporaries and of literature in general, he is perfectly capable of celebrating authors from antiquity, from the Middle Ages to the present day. Although he did not always like V. Hugo, he found his work interesting. Schiller, too, found favour in his eyes. That’s why it seems interesting to highlight the paradoxes of this great, original and powerful work. This dual approach, reconciling the mad alliance between love and hate, allows us to grasp the complexity of the human soul and demonstrate the virtuosity of an author who is subject to his passions, but who frees himself from them through his writing, whose modernist aesthetic, while not disdaining a form of tradition, is yet to be defined.

Keywords: Barbey d’Aurevilly, haine, passion, writing, esthetics

DOI: https://doi.org/10.48734/akofena.n11.vol.5.10.2024

Agnès FELTEN. (2024). Haines et passions dans l’œuvre de Barbey d’Aurevilly. CRAC, INSAAC. https://doi.org/10.48734/AKOFENA.N11.VOL.5.10.2024

https://doaj.org/article/f38d826e8a7e4654b33580b341a03387