N°006_Vol.2

DOI:  https://doi.org/10.48734/akofena.n006v2.33.2022

Résumé : Dans le contexte du langage burundais, la fille est préparée à comprendre que la femme est faite pour la procréation et l’entretien du foyer. Au nom de la maternité et de tout ce que cela implique comme charges, la femme est condamnée à faire la cuisine, le ménage et la lessive pour son mari et ses petits enfants. Elle devient par là un esclave volontaire dans une société où les avatars de l’opinion commune se transmettent de génération en génération. Or, parmi les problématiques traitées en sciences du langage au Burundi, celle des stéréotypes féminins véhiculés par le langage est le secteur le moins exploré. Des travaux linguistiques dont l’ambition est de pénétrer le phénomène de la domination de la femme par l’homme sont très rares. Notre constat est ainsi que la population burundaise est sous l’emprise de la tradition sur toutes les questions où l’homme est évoqué dans ses rapports avec la femme. La tradition burundaise suit la logique du « cela-va-de-soi » : c’est évident, la femme est inférieure à l’homme en tout, partout, pour tous les temps, voire pour longtemps ; il est hors de question de porter quelque regard critique sur cet ordre de relations au risque de casser l’harmonie sociale. Ainsi, se développent des stéréotypes langagiers tendant à maintenir la femme dans un complexe d’infériorité et de soumission. Cet article n’a ni l’intention de combattre la tradition, ni celle de proposer un renversement des rôles dans les rapports masculin/féminin. Il ne prétend pas non plus épuiser tous les aspects de la question des rapports sociaux entre les genres au Burundi, ils sont tellement divers et complexes. L’étude fait l’état de la question des idées reçues qui circulent dans le langage autour de l’infériorisation de la femme au Burundi et leurs implications. La recherche affirme – en même temps qu’elle condamne tout ce qui empêche la femme de s’épanouir pleinement – que la domination masculine est un fait qui se manifeste surtout dans le langage stéréotype (doxique) des Burundais, c’est-à-dire dans le répertoire verbal de l’opinion commune sur la femme, le plus souvent définie et régie par des lois non écrites par ailleurs.

Mots-clés : Pouvoir des mots ; langage ; stéréotype ; rapports sociaux de sexes ; domination masculine.

LANGUAGE AND STEREOTYPICAL GENDER SOCIAL RELATIONS’BUILDING IN BURUNDI

Abstract: In the context of Burundian language, a girl is prepared tounderstand that a woman is made for procreation and maintenance of home. For motherhoodsake and all the burdens that it entails, a woman is condemned to do cooking, cleaning and the laundry for her husband and her little children. She thus becomes a voluntary slave in a society where the avatars of common opinion are transmitted from generation to generation. However, among the issues dealt with in language sciences in Burundi, that of female stereotypes conveyed by language is less explored. Linguistic works whose ambition is to make an-in-depth study of the Men’s dominance over women phenomenon are very rare. Our observation is thus that Burundian population is under the influence of tradition on all issues where men are mentioned in their relationships with women. The Burundian tradition follows the logic of “it goes without saying”: it is obvious, a woman is inferior to man in everything, everywhere, for all times, even for a long time; it is out of question to take a critical look at this order of relations at the risk of breaking social harmony. Thus, language stereotypes tending to keep woman in a complex of inferiority and submission develop. This article has the intention neither to fight against tradition, nor to suggest a reversal of roles in male/female relations. Nor does it claim to exhaust all aspects of gender social relationships issue in Burundi; they are so diverse and complex. The study takes stock of received ideas ‘question circulating in the language around women inferiorization in Burundi and their implications. Research affirms – at the same time as it condemns everything that prevents women from fully developing – that male domination is a fact that manifests itself above all in the Burundians’ language stereotype (doxic), that is in the verbal repertoire of a common opinion about women, most often defined and governed by otherwise unwritten laws.

Keywords:  Power of words; language; stereotype; gender relations; male domination.